I.
Autour du mot. Besoin,
conscience...
-
Nous
vivons en satisfaisant nos besoins, parce que nous sommes dans le
besoin, dans la nécessité d'un système vivant de se nourrir et
de se reproduire, son rêve pour ainsi dire. Le système vivant se
satisfait de la présence, de la répétition du même (des
fruits, des saisons...).
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Le
besoin qui se manifeste par la faim, la soif, l'appétit sexuel,
est constitutif de l'être vivant; il le centre sur lui-même sans
que jamais ne s'esquisse le moindre privilège de l'absence sur la
présence: c'est la royauté du donné, du milieu extérieur
auquel l'être vivant appartient et auquel il se relie par la
conscience spontanée de la vie comme par un cercle formé par
l'adaptation du vivant à son milieu.
-
Mais
la conscience comme acte de transcendance est mouvement vers une
chose qu'elle pose à distance et qu'elle colore d'agréable ou de
désagréable: ce mouvement ouvre le temps de ce qui n'est pas
encore, l'avenir d'un contact: une absence provisoire, un au-delà
du simple donné que l'imagination qui rend tout possible -parce
que rien de ce qui n'est pas encore ne peut lui résister- finira
par présenter comme préférable au donné du milieu extérieur
à la présence: on envisagera alors non plus de s'adapter au donné
mais d'adapter le donné à son désir.
II.
La notion- Le parcours
-
Puissance
d'altérité la conscience est désir: inadaptation parce
qu'insatisfaction éprouvée. Le sujet pose l'absence comme
infiniment préférable à la présence: il est désir. Ainsi le
mouvement qui pose un visage comme agréable est porteur d'un rêve,
d'une aventure, et le mouvement qui pose une chose comme désagréable
est lourd d'une absence désirée ou d'une disparition souhaitée:
la haine c'est lorsque la structure de la conscience se fixe.
-
Comme la conscience, le désir est cette négativité qui dévalorise
l'être là, donné, au profit de l'absent, l'être à venir:
le désir n'est donc pas de l'ordre de l'avoir puisqu'il suffit
d'avoir pour ne plus désirer ce qu'on a, mais de l'ordre de
l'existence, qui aspire à la plénitude de l'être sans jamais
pouvoir l'atteindre parce qu'elle cherche dans l'absence ce qui ne
peut être donné que dans la présence.
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a)
Le
désir est conscience d'une pauvreté, d'une absence
ressentie comme privation d'une plénitude: c'est la misère
de l'existence humaine qu'il manifeste à chacun.
-
b)
Le
désir est aussi l'inquiétude d'une existence incomplète
qui espère sans cesse échapper à sa condition en anticipant
une satisfaction complète et durable, un bonheur impossible
qui sera donc toujours futur et qui reculera comme un horizon
recule à l'infini
-
c)
Le
désir est moteur, motif, producteur de la réalisation
de ce qui a été anticipé: en ce sens le désir ne manque
jamais de son objet, il le pose comme projet et en le
produisant il crée de la vie en oubliant le poids du passé.
Trois
citations:
-
"Ainsi...
l'objet de l'amour c'est aussi forcément, l'immortalité"
207 a
Platon Le Banquet Lien vers :Faut-il se méfier de
l'amour?
-
"Rien
donc de plus utile à l'homme que l'homme" Spinoza EthiqueIV,
prop.18
-
"Si
le désir est producteur, il ne peut l'être qu'en réalité,
et de réalité." Deleuze L'Anti-Oedipe
Des
pistes de lectures
=
Une page synthétique: le
désir
-
Platon,
Le Banquet
Epicure,
Lettre à Ménécée
Hegel, Esthétique (20 premières pages)
Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation
I. p.323...Deleuze: L'Anti-Oedipe
Martine COLLIN: Désir et raison.
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