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« Puissances de l'imagination »

(voie d'accès choisie: le pouvoir de l'imaginaire - Perspectives par Joseph Llapasset)

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  • Imagination et imaginaire 

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- En 1936, paraît de Jean Paul Sartre, chez Alcan: L'imagination. C'est le premier livre de Sartre.

- En 1940, paraît chez Gallimard, L'imaginaire de Jean Paul Sartre.

Pour la préparation du thème au programme, Puissances de l'imagination, il est possible de lire les deux oeuvres. On le comprendra en lisant cet extrait de la présentation par Sartre de l'imaginaire:
"Cet ouvrage a pour but de décrire la grande fonction irréalisante de la conscience ou imagination et son corrélatif noématique l'imaginaire."

=> En affirmant que toute conscience est conscience de quelque chose, la phénoménologie lie deux termes tels que l'un ne peut aller sans l'autre, comme dans une dualité; un trou de lumière transcendantal qui s'épuise à faire apparaître ce qui n'est pas lui en un mouvement que Sartre compare à un éclatement, pour signifier que le mouvement est indécomposable. 
On appelle l'acte de transcendance la noèse et la représentation corrélative est désignée par le terme de noème.
On dira que ce qui concerne la représentation d'un objet est noématique, tandis que noétique désigne tout ce qui est de l'ordre de la conscience, de l'acte de transcendance lui même, de la manière dont l'objet est visé: la conscience perceptive est donation de présence, tandis que la conscience imaginative est donation d'absence.

=> On voit mieux en quel sens l'imaginaire (noématique) est produit, domaine de l'imagination (noétique).
Sartre présente ainsi son ouvrage sur l'imaginaire: 
"Cet ouvrage a pour but de décrire la grande fonction irréalisante de la conscience ou imagination et son corrélatif noématique l'imaginaire."

Il nous signifie ainsi que l'imagination n'est qu'un acte de la conscience. L'imagination désigne la manière dont la conscience peut se donner un objet comme absent au sein même de sa présence, comme imaginaire. C'est dire que l'acte de la conscience imaginante se déploie nécessairement en produisant l'imaginaire: l'imaginaire n'étant que ce qui n'existe que par l'imagination,( et non dans la réalité)... ce qui est considéré comme irréel ou absent.

=> L'imagination est ainsi la noèse qui a pour corrélat noématique l'imaginaire. 
En un sens, sans l'imaginaire, l'imagination ne peut s'exercer.
On peut aller plus loin en affirmant que l'imaginaire est la structure a priori de toute activité de l'imagination ce qui impliquerait que sans l'imaginaire auquel elle est adossée et dont elle se nourrit comme en puisant dans un stock, l'imagination ne pourrait exister. 
Une comparaison pourrait éclairer cela: l'imaginaire serait à l'imagination ce que la parole - utilisation personnelle d'une langue- est à la langue. La parole ne saurait exister sans une langue à laquelle elle s'adosse, de même l'imagination ne saurait s'exercer dans puiser dans une sorte de bassin sémantique auquel elle s'adosserait. Ce bassin sémantique aurait recueilli des images au cours d'une histoire.

On comprend que l'imagination et son corrélatif noématique peuvent être caractérisé comme le pouvoir de se libérer, d'échapper aux contraintes du donné: la conscience peut à tout moment se décrocher, s'évader dans l'irréel, prendre de la distance. Par là elle peut toujours exercer sa puissance de faire surgir dans ce qui est ce qui n'est pas et de s'arracher aux contraintes de ce qui est donné. 

=> Vers: Puissance de nous faire rêver autrement ! (Bachelard)