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L'étude de texte - 

Un auteur, un texte  par J. Llapasset 

Un texte de Spinoza (Bac 2006)

"La liberté de penser "

Pour répondre à la troisième question

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Expliquer un texte

 "Puisque le libre jugement des hommes est extrêmement divers, que chacun pense être seul à tout savoir et qu'il est impossible que tous donnent la même opinion et parlent d'une seule bouche, ils ne pourraient vivre en paix si l'individu n'avait renoncé à son droit d'agir suivant le seul décret de sa pensée. C'est donc seulement au droit d'agir par son propre décret qu'il a renoncé, non au droit de raisonner et de juger ; par suite nul à la vérité ne peut, sans danger pour le droit du souverain(1), agir contre son décret, mais il peut avec une entière liberté donner son opinion et juger et en conséquence aussi parler, pourvu qu'il n'aille pas au-delà de la simple parole ou de l'enseignement, et qu'il défende son opinion par la Raison seule, non par la ruse, la colère ou la haine, ni dans l'intention de changer quoi que ce soit dans l'Etat de l'autorité de son propre décret."  Spinoza
(1) : souverain : autorité Individuelle ou collective à qui seule "il appartient de faire des lois" (selon Spinoza)
Questions: 
1. Dégagez la thèse de l'auteur et précisez les étapes de son raisonnement.
2. Expliquez :
a. "il peut avec une entière liberté donner son opinion et juger et en
conséquence aussi parler." 
b. "ni dans l'intention de changer quoi que ce soit dans l'Etat de l'autorité
de son propre décret."
3. La liberté d'expression doit-elle être illimitée ?

=> Avant même de regarder les questions, une lecture explicative s'impose: expliquer c'est déplier, ce qui permet de faire apparaître le sens. En effet la compréhension préalable du texte est nécessaire pour répondre aux trois questions, en particulier pour la troisième question puisque, au moins une des parties de votre essai est réalisée par l'auteur. Pour ainsi dire, la moitié du travail est fait. Je propose donc à celui qui lit cette aide de procéder ensemble à la lecture du texte.

Puisque - Etant donné le fait peu contestable que les hommes jugent de manière diverse et non de la même manière; si chaque individu s'imagine être seul à tout savoir, alors il est impossible qu'ils s'accordent sur une même opinion (= affirmation) et parlent comme si la parole sortait d'une seule bouche, c'est à dire comme si leurs paroles n'avaient qu'une seule origine et par là affirmait la même chose.

=> Conséquences: nécessité d'un contrat social implicite.
Si on en restait à ce que dit le début du texte, les hommes se feraient la guerre et, dans leurs actions s'opposeraient dans la mesure où leurs actions découleraient d'opinions et de jugements divers.

Si - Si on a quitté l'état de guerre de tous contre tous c'est que l'individu a renoncé, c'est à dire a abandonné, au pouvoir de faire (= exercer une action, réaliser une intention née de son libre jugement), ce qu'il a décidé (décret) de son propre chef selon son libre jugement.

Donc - S'il a renoncé uniquement ("seulement") a son droit d'agir en fonction de ce qu'il pense, il n'a pas renoncé au droit de penser librement par lui même, d'exercer sa raison pour distinguer le vrai du faux, et de juger (= dire ce qui lui semble être, affirmer l'existence d'une chose, la qualifier, ou établir un rapport entre deux objets de pensée en reliant deux concepts. Par exemple: c'est une ruse, c'est "dégueulasse"! ou c'est la faute du voisin ...)

Par suite - En conséquence de ce qui vient d'être affirmé. Aucun individu n'a le pouvoir moral (le droit) de s'opposer par des actions à la décision du souverain: il menacerait le droit du souverain. Pourquoi? Parce qu'il a renoncé à son droit d'agir selon ses opinions.

Mais - Il peut, il a le droit de, donner son opinion: parler selon ce qui lui vient immédiatement à l'esprit et juger, exercer sa raison et son esprit d'examen, donner de la publicité à ce jugement. Pourquoi? Parce qu'il n'a pas renoncé au droit de raisonner et de juger par lui même, au droit de s'aventurer dans des régions originales par sa pensée. Pourquoi la parole? Sans la parole, le raisonnement et le jugement ne seraient pas portés devant tous et ne permettraient pas un dialogue constructif.

Pourvu - A la condition expresse que l'individu ne se laisse pas entraîner au delà de la parole, à dépasser la parole en tant que parole, la communication de ses pensées et que, dans la discussion il n'utilise que la Raison en s'interdisant tout ce qui pourrait être le germe d'une action: la ruse (stratégie pour faire agir), la colère et la haine qui emportent vers l'action dans l'intention de changer une réalité sociale. Certaines paroles en effet sont des actions dans la mesure où elles prêchent la violence et la haine.

Changer - Accomplir une action qui transforme le contexte social tissé par les décrets du Souverain.

De l'autorité de son propre décret - Par l'autorité personnelle de sa décision d'individu qui utilise en fait la parole comme instrument de l'action.

Vers la page suivante : Répondre aux questions

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