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L'étude de texte - 

Un auteur, un texte  par J. Llapasset 

PROUST (1871 - 1922)

Le pouvoir de l'imaginaire (Un amour de Swann, Pléiades, Tome I, 199) 

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"Et sans doute, en se rappelant ainsi leurs entretiens, en pensant ainsi à elle quand il était seul, il faisait seulement jouer son image entre beaucoup d'autres images de femmes dans des rêveries romanesques; mais si, grâce à une circonstance quelconque (ou même peut-être sans que ce fût grâce à elle, la circonstance qui se présente au moment où un état, latent jusque-là, se déclare, pouvant n'avoir influé en rien sur lui) l'image d'Odette de Crécy venait à absorber toutes ces rêveries, si celles-ci n'étaient plus séparables de son souvenir, alors l'imperfection de son corps ne garderait plus aucune importance, ni qu'il eût été, plus ou moins qu'un autre corps, selon le goût de Swann, puisque, devenu le corps de celle qu'il aimait, il serait désormais le seul qui fût capable de lui causer des joies et des tourments."
Proust. A la recherche du temps perdu, un amour de Swann, Pléiades, Tome I, 199.

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Le pouvoir de l'imaginaire.

L'imaginaire articulé sur la sensibilité des sentiments nous fait aborder le réel à travers le domaine qu'il ouvre au point que nous prêtons aux choses des qualités sensibles qui ne sont rien de plus que ce que nous éprouvons. Si ce que nous appelons amour ne poursuit pas tel ou tel objet perçu mais des broderies projetées sur l'objet, comment nier qu'on n'aime jamais que soi?

Ainsi le pouvoir de l'imaginaire dans la passion comme dans la science, c'est de nous amener à oublier l'image première. C'est dire qu'il nous permet de vivre en fermant les yeux sur la perception et en ouvrant les yeux sur un autre monde. C'est le propre de l'homme que l'imaginaire. 

Par lui nous vivons dans un monde humain qui nous ressemble ce qui amène Swann, une fois revenu de son étourdissement, de son emballement, de son illusion, à se plaindre par cette phrase qui termine l'oeuvre au programme, Un amour de Swann

."Dire que ... j'ai eu mon plus grand amour pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n'était pas mon genre." Un amour de Swann, page 382.

Le secret du pouvoir de l'imaginaire n'est-il pas donné par cette affirmation de André Gide: "Nous serions à moitié guéri d'un amour lorsque nous parviendrions à nous persuader que l'être dont nous sommes épris n'est, après tout, qu'une créature assez ordinaire. La force des liens vient de cette conviction torturante, qu'il y a de l'exceptionnel, de l'unique, de l'irremplaçable et que nous ne le retrouverons jamais plus." André Gide, Journal, 17 Octobre 1929.

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