° Rubrique philo > Etude de texte

L'étude de texte - 

Un auteur, un texte  par J. Llapasset 

Pascal - Trois discours sur la condition des grands

 Le texte (lien ouverture nouvelle fenêtre)

Site Philagora, tous droits réservés ©
________________________________

Voici une aide à la compréhension qui s'appuie sur l'analyse de concepts et qui peut donc être utilisée au cours de l'oral.

"Premier discours 

Pour entrer dans la véritable connaissance de votre condition, considérez-la dans cette image. 
Un homme est jeté par la tempête dans une île inconnue, dont les habitants étaient en peine de trouver leur roi, qui s'était perdu; et, ayant beaucoup de ressemblance de corps et de visage avec ce roi, il est pris pour lui, et reconnu en cette qualité par tout ce peuple. D'abord il ne savait quel parti prendre; mais il se résolut enfin de se prêter à sa bonne fortune. Il reçut tous les respects qu'on lui voulut rendre, et il se laissa traiter de roi. 
Mais comme il ne pouvait oublier sa condition naturelle, il songeait, en même temps qu'il recevait ces respects, qu'il n'était pas ce roi que ce peuple cherchait, et que ce royaume ne lui appartenait pas. Ainsi il avait une double pensée: l'une par laquelle il agissait en roi, l'autre par laquelle il reconnaissait son état véritable, et que ce n'était que le hasard qui l'avait mis en place où il était. Il cachait cette dernière pensée et il découvrait l'autre. C'était par la première qu'il traitait avec le peuple, et par la dernière qu'il traitait avec soi-même. 

...."

La véritable condition des grands:

Est véritable ce qui est conforme à la réalité, par opposition à ce qui est imaginé, ce qui est faux et simplement basé sur l'apparence, le visible. Parler de véritable condition c'est suggérer la nécessité d'un réveil par lequel on sort de l'ignorance, de l'erreur, de cette illusion de l'opinion qui croit connaître en ne se fiant qu'au visible, qui satisfait imaginairement ses désirs. Ici, condition désigne le rang social,la place dans une société hiérarchique dans laquelle des inégalités sont justifiées par des institutions, des établissements, dit Pascal. Tout ce qui est institué relève d'une invention et donc de l'imaginaire, de l'irréalité. L'imaginaire en effet, comme dans un jeu de rôle qui a ses règles, s'écarte de la réalité. Un peuple dont le prince est un enfant, un esclave qui se soucie davantage de plaire à son maître que de lui dire la vérité.

Grands: ceux dont les institutions établissent une certaine valeur.

Jeté: sans qu'il le veuille, comme si le hasard se jouait de lui: soulignez la rencontre de deux séries causales indépendantes: d'une part le naufrage et le processus causal ayant amené l'homme sur la plage d'une île inconnue , d'autre part un roi perdu, le manque éprouvé par ses sujets... La rencontre de ces deux séries causales va changer la condition sociale du naufragé. Les indigènes transforment leur désir de retrouver le roi en reconnaissance.

Reconnu comme roi par le peuple: mettez en évidence le rôle de l'imaginaire dans la confusion entre une image et la réalité du naufragé, le pouvoir de l'institution, la reconnaissance qui donne un statut au naufragé, la condition de roi, sans que cela corresponde à rien de réel. L'origine de l'institution est dans tous les cas l'imaginaire.

Bonne fortune: c'est un hasard heureux.
Traiter de roi: reconnaître comme roi, établir comme roi.

Se laissa: sans protester de cette bonne aubaine, mais en restant conscient en son fort intérieur de l'erreur et de l'illusion des indigènes; gardant conscience de sa condition naturelle qui le met à égalité avec les autres hommes.

Oublier: ne plus se souvenir de.

Condition naturelle: de la réalité de sa condition, il n'a aucun droit au titre qui lui est donné, il ne peut s'en prévaloir. Il n'est pas le roi des indigènes et de par sa condition naturelle il n'est que leur égal. Dans son rapport avec lui même, dans le secret de sa pensée personnelle, il sait bien qu'il est à la fois un usurpateur et un voleur puisqu'il s'approprie un royaume qui ne lui appartient pas.

Deux pensées: l'une à l'origine de son comportement affiché, par laquelle il entre en contact avec les autres selon les institutions qui le reconnaissent, l'autre à l'origine d'un regard lucide sur sa condition naturelle véritable: rien, ni les institutions des indigènes, ni sa condition naturelle ne lui donnent droit à ce que le hasard lui a offert: deux pensées, donc: par l'une il se comporte envers le peuple sur lequel il règne, par l'autre il entre en relation avec lui même dans la vérité de sa conscience de soi

 Le texte (lien ouverture nouvelle fenêtre)

° Rubrique philo > Etude de texte

2010 ©Philagora tous droits réservés Publicité Recherche d'emploi
Contact Francophonie Revue Pôle Internationnal
Pourquoi ce site? A la découverte des langues régionales J'aime l'art
Hébergement matériel: Serveur Express