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L'étude de texte - 

Un auteur, un texte  par J. Llapasset 

HEIDEGGER (1889-1976) Être et Temps

La question du sens de l'être (Être et Temps.)

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Explication et commentaire.

"Il faudra montrer, en se fondant sur la question du sens de l'être pleinement développée, pourquoi et comment la problématique centrale de toute ontologie s'enracine dans le phénomène du temps correctement saisi et explicité.
Si l'être doit être compris par le temps et si les différents modes et dérivés de l'être sont de fait rendus compréhensibles dans leur modification et leur dérivation par référence au temps, c'est l'être lui-même qu'on aura rendu visible dans son caractère «temporel» - et non seulement l'étant comme étant «dans le temps». Alors «temporel», ne se borne plus à signifier «étant dans le temps».
Même l'«intemporel» et le «supratemporel» sont «temporels» relativement à leur être. Et cela, encore un coup, non pas privativement par rapport à un «temporel» conçu comme étant «dans le temps», mais en un sens positif, qu'il nous reste, il est vrai, à comprendre. Comme le mot «temporel» est chargé, dans son usage préphilosophique et philosophique, de la signification que nous venons de dire, et comme en outre nous nous servirons de ce mot ultérieurement dans un sens encore différent, nous appellerons détermination temporale la détermination originelle de sens que l'être, ses caractères et ses modes reçoivent du temps. Si donc on veut fournir, par l'ontologie fondamentale, une interprétation de l'être comme tel, celle-ci se présentera comme un développement de la «temporalité» de l'être. Ce n'est qu'en exposant la problématique de cette «temporalité» qu'on donnera une réponse concrète à la question du sens de l'être."
HEIDEGGER, Être et Temps.

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Explications:

Il faudra: Heidegger fixe un programme de recherche: c'est une nécessité pour une ontologie fondamentale d'une part de s'appuyer non pas sur la question de l'Être mais sur la question du sens de l'Être, c'est à dire son idée.
Montrer: introduit la deuxième partie du programme.
Pourquoi et comment: pour quelle raison et selon quels modes.
La problématique centrale: le cheminement vers le problème essentiel, au centre, au carrefour des routes de toute ontologie fondamentale, de tout regard qui cherche l'Être ou plutôt le sens de l'Être. Le terme sens désigne l'angle de visée sous lequel une chose apparaît et grâce auquel la chose peut être comprise: le sens revient donc à la signification impliquée par une direction.
S'enracine: a un rapport essentiel, nourricier, avec le phénomène du temps, la manière dont le temps apparaît dans ses traits constitutif à un sujet conscient: la temporalité.
Correctement: sans faute, de manière exacte, conforme et fidèle.
Saisi: compris, discerné, "attrapé" pour ainsi dire.
Explicité: formulé de manière de manière suffisamment claire et précise.

Si ... c'est: repérez bien le raisonnement déductif de la forme si ... alors; c'est l'articulation d'une démonstration, qui se déroule dans le temps.
Doit être compris: c'est une nécessité de comprendre l'Être ainsi, selon la relation métaphorique de la racine et de la plante sur un fond de terre; une relation essentielle de l'Être et du temps dont la compréhension sera celle du sens de l'Être. Le sens de l'Être apparaît dans son caractère temporel qui lui donne son sens. l'Être ne peut donc être compris que par le temps, c'est un rapport nécessaire, qui ne peut pas ne pas être, qui lie l'Être au Temps.

Le Temps sert de critère pour distinguer ce qui est selon ses manières d'être: d'une part le temporel, ce dont les états se succèdent et d'autre part l'intemporel qui ne relève pas de l'avant et de l'après. Pourtant même l'intemporel relève du temps.
Temporel:  Parce que le terme ne désigne plus le temporel au sens classique de ce qui est dans le temps, mais ce que c'est qu'être pour une chose.
Et non seulement:  et non pas comme la métaphysique classique au sens de ce qui est dans le temps mais comme ce qui est par le temps. On ne vise plus les choses qui sont mais l'Être des choses qui sont, ce par quoi elles apparaissent dans la temporalité.
Alors: en conséquence, désormais, temporel signifiera aussi autre chose que étant dans le temps. Temporel, intemporel, supra temporel, de par leur être ne sont compréhensibles que dans leur référence au temps.

Privativement: d'une manière qui marque la négation. Selon un sens négatif, dire qu'est temporel un étant dans le temps c'est dire qu'il n'est pas le temps.
Sens positif: au contraire du sens négatif, signifie qui a un contenu réel construit et organisé: temporel désigne alors la détermination que l'être reçoit du temps.  La langue est tellement imprégnée de la première signification (ce qui est dans le temps) qu'il vaut mieux employer un autre terme pour marquer la détermination de l'être par le temps.
Détermination temporale: c'est ce que l'Être reçoit du temps, le sens de l'être par une détermination originelle du temps.
Si donc: si on a le projet de faire apparaître le sens de l'Être, ce ne peut être que par une interprétation qui aura nécessairement la forme du développement de la temporalité de l'Être. Toute interprétation qui prétendra donner le sens de l'être devra être telle.

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