° Rubrique philo > Etude de texte

L'étude de texte - 

Un auteur, un texte  par J. Llapasset 

HEGEL 

La nature de l'esprit (Leçons sur la philosophie de l'histoire. Vrin, page 27)

Explication à partir des concepts

page 1 - page 2 - page 3

Site Philagora, tous droits réservés ©
________________________________

"La nature de l'esprit se reconnaît à ce qui en est le parfait contraire. De même que la substance de la matière est la pesanteur, nous devons dire que la substance, l'essence de l'esprit est la liberté. Chacun admet volontiers que l'esprit possède aussi, parmi d'autres qualités, la liberté; mais la philosophie nous enseigne que toutes les qualités de l'esprit ne subsistent que grâce à la liberté, qu'elles ne sont toutes que des moyens en vue de la liberté, que toutes cherchent et produisent seulement celle-ci; c'est une connaissance de la philosophie spéculative que la liberté est uniquement ce qu'il y a de vrai dans l'esprit. La matière est pesante en tant qu'elle se dirige vers un centre; elle est essentielle ment complexe; elle se trouve hors de l'unité et la cherche, elle cherche donc à s'anéantir elle-même, elle cherche son contraire; si elle l'atteignait elle ne serait plus la matière, elle aurait disparu, elle tend à l'idéalité, car dans l'unité, elle est idéale. L'esprit au contraire a justement en lui même son centre; il n'a pas l'unité hors de lui mais il l'a trouvée; il est en soi et avec soi. La matière a sa substance en dehors d'elle; l'esprit est, l'être-en-soi-même. Cela est justement la liberté, car si je suis dépendant je me rapporte à autre chose que je ne suis pas; je ne puis exister sans, quelque chose hors de moi; je suis libre quand je suis en moi. Cet état de l'esprit, d'être en soi, c'est la conscience, la conscience de soi. Il faut dans la conscience, distinguer deux choses: d'abord le fait que je sais et ensuite ce que je sais. Ces deux choses se confondent dans la conscience de soi, car l'esprit se sait lui-même il est le jugement de sa propre nature, il est aussi l'activité par laquelle il revient à soi, se produit ainsi, se fait ce qu'il est en soi."
Hegel (Leçons sur la philosophie de l'histoire, Vrin, page 27)

_________________________________

  Explication à partir des concepts:
La nature: ici, ce qui fait qu'une réalité est ce qu'elle est. Par exemple ce qui fait que l'esprit est l'esprit, ce qui fait que la matière est la matière.

Se reconnaît à: parce que, un contraire éclaire l'autre contraire, le fait apparaître, l'essence de la matière (la pesanteur) fait apparaître l'essence de l'esprit, la liberté: la pesanteur, la détermination de la matière par autre chose qu'elle, met en évidence la liberté de l'esprit qui se détermine lui même.
Cela apparaît quand l'idée se retourne sur elle même, sur sa substance, ce qui subsiste en chaque être en dépit de tous les changements qui peuvent lui arriver. L'esprit et la matière s'opposent par leur attribut essentiel: l'attribut essentiel c'est ce que l'entendement perçoit de la substance comme constituant son essence, sa nature: la nature de l'esprit c'est donc la liberté.

Chacun admet: même l'opinion admet cela. Toutes les qualités de l'esprit, elle les met cependant sur le même plan que la liberté: elle ne saisit pas par la pensée que la liberté est au fondement du doute, de l'intuition, de l'intelligence...

Parmi d'autres qualités: étant "parmi", pour ainsi dire juxtaposée, la liberté serait sur le même plan que les autres qualités de l'esprit, alors que, en réalité, elle est à l'origine et au fondement de ces qualités.

La philosophie spéculative: la réflexion philosophique,  qui pense,  qui pèse les qualités de l'esprit établit comme connaissance indiscutable que la liberté est un fondement, ce qui rend possible les autres qualités. Le philosophe cerne ce qui est essentiel, l'effectivement réel, ce qui ne disparaît pas, la liberté qui se pose soi même.

Ne subsistent que ... ne sont que: seulement et rien d'autre que des moyens pour la réalisation d'une seule fin en soi, la liberté. Le moyen est seulement ce qui permet de réaliser la fin, en quelque sorte ce que l'on emprunte et ce que l'on oublie. La liberté est l'unique fin: en exerçant sa liberté l'esprit n'a d'autre fin que lui même.

Spéculative: la spéculation est l'activité intellectuelle qui vise la connaissance pour elle même. La philosophie spéculative ne se préoccupe pas du simplement utile: elle se détourne de la philosophie du sens commun pour construire un savoir universel qui sera partagé par tous ceux qui pensent. Elle obtient alors des connaissances ajustées sur la réalité et sur les caractéristiques essentielles.

Uniquement: Hegel insiste sur la prééminence de la liberté.

Ce qu'il y a de vrai: ce qui fait que l'esprit est ce qu'il est, sa réalité, la manifestation du mouvement de l'esprit.

La matière est pesante: si, en effet, elle se dirige vers un centre c'est qu'elle est attirée et a sa raison d'être, par la pesanteur, hors de soi.

Complexe: elle n'a pas d'unité, celle que donne la liberté, elle n'est pas simple, mais elle est composée d'éléments hétérogènes: parce qu'elle est hors de soi, la matière est passivité, soumise à des causes différentes et lorsqu'elle aspire à l'unité, elle disparaît, elle s'anéantit.

Une unité: elle chercher dans l'obscurité de l'inconscience, l'unité de l'esprit, la liberté et à abolir la pesanteur.

Centre en soi: contrairement à la nature qui a son centre hors de soi, l'esprit a son centre en soi, un centre de décision, une balance intérieure, il ne reçoit pas l'unité de ce qui n'est pas lui. En un sens, contrairement à la matière, il n'a pas besoin de tendre à l'idéalité puisqu'il est l'idéalité. En effet, ce qui existe en soi même s'oppose à ce qui existe dans un autre.

Il l'a trouvée: ce qui signifie qu'elle était en lui, qu'il la possédait sans le savoir avant qu'il ne la trouve: quoi? Cette unité qui est liberté, qui doit être trouvée dans une reprise de la conscience en soi par la conscient de soi, de l'esprit en soi par l'esprit qui se sait lui même.

L'être-en-soi-même: l'être en soi qui est avec soi même: la conscience qui advient à la conscience de soi.

Quand je suis en moi: quand ma raison d'être n'est pas hors de moi mais en moi.

La conscience: il faut distinguer ce que je sais, le contenu, l'objet visé par la conscience et le fait que je sais: on dira homo sapiens sapiens.
La conscience de soi: l'esprit se sait lui même, il est conscience de soi, de ce qu'il est. Alors, pensée et liberté se confondent, ne font plus qu'une.

Le jugement: ainsi l'esprit affirme sa propre nature en exerçant sa liberté et en se reconnaissant par la conscience de soi.

Revient à soi: il se réfléchit.

Se fait ce qu'il est: par ses projets, en choisissant librement, il se choisit et donc il se produit: l'esprit est l'activité qui se fait ce qu'il est, en soi.

Vers la page suivante: Plan du devoir et conclusion 

° Rubrique philo > Etude de texte

2010 ©Philagora tous droits réservés Publicité Recherche d'emploi
Contact Francophonie Revue Pôle Internationnal
Pourquoi ce site? A la découverte des langues régionales J'aime l'art
Hébergement matériel: Serveur Express