° Rubrique Aide aux dissertations de philosophie  par J. Llapasset

Dans quelle mesure peut-on parler d'un progrès de l'homme dans l'histoire? 

Site Philagora, tous droits réservés

_______________________________________________________

Tableau de définitions 

Dans quelle mesure

appelle une réponse nuancée mais précise, "à mesurer".

peut-on

à juste titre, les conditions sont-elles réunies pour...

parler

prononcer un discours sur... mais aussi évoquer, dialoguer.

un

invite à chercher un point de vue général sur.

l'homme

ici, terme spécifique: désigne l'ensemble des êtres raisonnables sensiblement affectés qui se sont succédés, le cours des générations.

histoire

histoire / réalité, devenir passé de l'humanité.

Problèmes....

Objectivité: comment parler de progrès dans l'histoire sans supposer une orientation de l'histoire, un sens du parcours, sans interpréter, sans faire l'histoire?
Comment mesurer un progrès sans instrument de mesure, sans critère objectif, partagé par tous, alors que les sciences humaines ont saisi et souligné l'hétérogénéité des mentalités et des valeurs propres aux divers groupes humains?
Comment d'une part distinguer des plans évidemment hétérogènes comme celui de la science, de la technique, de la politique, de la morale, de la religion, de l'art, et d'autre part prendre en compte le fait qu'ils sont interdépendants?
Si l'idée de progrès implique une façon de penser l'histoire de l'homme comme linéaire et unique, cette conception, au vu des recherches contemporaines, n'est plus qu'une thèse parmi d'autres.

Pour un contenu

Comment une nature pourrait-elle se changer par une culture et transmettre le changement à la génération suivante si les caractères acquis ne se transmettent pas? A quelle condition un progrès sera-t-il alors possible? A condition que l'information culturelle circule d'une génération à l'autre.
Pour que l'information circule, il faut:
qu'elle soit exprimée en un langage clair et compréhensible par un esprit: sans théorie explicative il n'y a pas d'enseignement possible.
Encore faut-il la motivation de la génération montante, qu'elle désire ou qu'elle veuille accéder à l'information. Les conditions de l'enseignement sont les conditions du progrès puisque la génération montante pourra toujours s'appuyer l'acquis de la génération précédente chaque fois que les deux conditions (théorie et motivation) auront été réunies.
Si la théorie manque il ne peut y avoir de progrès, c'est le cas de l'art.
Si la motivation est hésitante... les progrès seront lents, c'est le cas de la morale.

L'élaboration du plan

-La première partie établira sur quel plan le progrès semble incontestable: celui des sciences et des techniques, parce que:
L'invention est une œuvre de l'esprit, elle peut-être transmise à des esprits (la théorie de la relativité est maintenant comprise par des étudiants au début seules quelques personnes la comprenaient).
En quoi la méthode expérimentale nous assure-t-elle d'un progrès des théories qui se succèdent?
Si science et technique permettent de satisfaire les besoins, de prévoir, d'échapper à un grand nombre de dangers, cela ne permet-il pas de comprendre que la motivation soit grande?
Encore faudrait-il distinguer le progrès quantitatif et le progrès qualitatif...

Transition vers la deuxième partie de la dissertation. Dans une transition, il s'agit de constater l'insuffisance de ce qui vient d'être dit et de marquer la nécessité de passer à une autre thèse: par exemple,
le progrès scientifique et technique est incontestable mais pour que ce soit un progrès de l'humanité comme ensemble de personnes sujets de droits, il faudrait que ce progrès soit pour tous; sans un progrès moral il n'y aura pas de progrès de l'homme.

-Deuxième partie. Sur le plan moral, le progrès est possible mais se révèle plus lent parce que...

Les théories existent: l'amour du prochain, le respect des personnes, la non-violence...

puisque ces théories existent et qu'elles ont été enseignées qu'est-ce qui explique la lenteur des progrès?
-Est-ce le peu de motivation des générations montantes?
-Est-ce le manque d'exemples de la génération qui enseigne (faites ce que je dis et pas ce que je fais...)?
-Par rapport à quoi la vertu (donner la priorité à l'universel) est-elle désagréable? Cela permet-il de comprendre que les progrès moraux soient lents?

Transition vers la troisième partie de la dissertation. Parce que le progrès moral de l'humanité est très lent, parce que la violence provoque le désordre, on se tourne vers le rôle pédagogique des lois, vers le plan politique. Sur le plan de la loi, y a-t-il un progrès de l'homme?

-Troisième partie. Là aussi une théorie existe: la LOI, qui fait disparaître les maîtres et les esclaves, dont le but est le bien commun, qui assure l'égalité parce qu'elle est pour tous et la liberté parce qu'elle est par tous. Dans cette théorie le peuple est souverain et doit donc avoir le dernier mot. Le peuple est composé de citoyens à la fois législateurs et sujets.
Si les progrès vers la démocratie sont si lents c'est que la constitution d'un peuple prend du temps: il faut éduquer des citoyens mais l'idée d'éduquer des citoyens ne vient et ne s'impose que dans un pays démocratique. C'est un cercle.

Le progrès politique dépend donc de la diffusion de la culture: tous ceux qui empêchent la diffusion de la culture luttent en fait contre la démocratie.

Transition. La loi ne détermine qu'une égalité de droit, mais la nature reste diverse et ne se plie pas à la règle: l'artiste est celui qui produit du beau grâce à un génie, un don de la nature.

-Quatrième partie.
La règle n'est pas donnée par l'esprit humain, mais par la nature. Dans ces conditions l'artiste est bien incapable d'enseigner ce qu'il ne connaît pas.
Que signifie que l'œuvre belle soit une surprise pour l'artiste lui-même?
Pour transmettre, pour expliquer il faut objectiver mais la vie ne peut être objectivée si bien le génie meurt avec l'artiste qui n'a pu l'enseigner.
A une génération montante motivée on ne pourra donc enseigner que des techniques. En conséquence chaque époque est comparable à un feu d'artifices qui monte et qui retombe...

Quelques éléments pour une conclusion...

L'homme a progressé dans l'histoire chaque fois qu'il a pu formuler ses inventions et que des éléments de la génération engendrée ont acquis ces inventions pour aller plus loin. Cela ne signifie pas que le progrès ait été mécanique ou linéaire. Un tremplin, on le laisse en bondissant...

 Quelques citations

"N'est-il pas évident que le progrès, c'est à dire la marche progressive des choses, en bien comme en mal, a amené à l'heure qui est la société sur le bord de l'abîme?" Eugène Delacroix, Journal, 23 Avril 1849

"L'humanité ne s'améliore que malgré elle. Le seul progrès voulu par elle c'est l'accroissement des jouissances. Tous les progrès en justice, en moralité, en sainteté, lui ont été imposés par quelque noble violence." Amiel, 1er Mars 1869.

"Nos ancêtres avaient moins de morale que nous, ils avaient plus de mœurs; nous avons plus de morale et moins de mœurs" G. Thibon, Diagnostics pages 142 - 143

"Oui le progrès existe, collectif sinon individuel. Les hommes ne deviennent pas meilleurs, mais la société se fait un peu moins mauvaise" Rostand, Julien, page 209.

Quelques lectures, voir http://www.philagora.net/philo/histoire.php 

  • Bossuet, Discours sur l'histoire universelle
    Kant, Idée d'une histoire universelle.
    Condorcet, Tableau historique des progrès de l'esprit humain

° Rubrique Aide aux dissertations de philosophie

2010 ©Philagora tous droits réservés Publicité Recherche d'emploi
Contact Francophonie Revue Pôle Internationnal
Pourquoi ce site? A la découverte des langues régionales J'aime l'art
Hébergement matériel: Serveur Express