Pour
débuter votre recherche, voici quelques pistes:
sujet.
Ce terme surprend toujours car tantôt il désigne celui
qui fait l'action, l'agent, comme on vient de voir et tantôt
celui qui subit la volonté d'un souverain, le patient en quelque
sorte.. Où l'opinion ne voit qu'un terme, l'étymologie
nous en fait découvrir deux!
-Le terme le plus ancien s'écrivait d'ailleurs "suget":
du participe passé subjicere (latin) qui signifiait soumettre à:
en ce sens suget signifie soumis à.
-Le second terme, deux siècles plus tard, sujet,
vient de la philosophie de l'Ecole, de la scolastique, et
signifie, matière, cause et enfin personne: matière au
sens de ce de quoi il s'agit, de ce qui importe, cause au
sens de ce qui produit, et personne comme membre
de l'espèce humaine, agent, source, centre de décision. Un sujet
humain, c'est d'abord ce qui se désigne lui-même comme ce de
quoi il s'agit , ce qui s'explicite lui-même comme origine, ce
qui se pose lui-même sans avoir besoin de rien d'autre pour
s'affirmer, en quelque sorte une condition inconditionnée!
autonome =
qui se gouverne par ses propres Lois. (Autos, soi-même; Nomos,
loi). "L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est
liberté, il n'y a pas de liberté sans lois, la liberté suit le
sort des lois" Rousseau. Voir
aussi Kant: L'impératif catégorique
le sujet se pose
lui même comme origine, comme conscience de soi et prouve son
autonomie (obéir à la loi qu'on s'est prescrite) par la seule
preuve possible, son existence capable de se
reprendre. "Ce qui, de ce point de vue, définit intrinsèquement
la modernité, c'est sans doute la manière dont l'être humain
s'y trouve conçu et affirmé comme la source de ses représentations
et de ses actes, comme leur fondement (subjectum, sujet) ou encore
comme leur auteur."Alain Renaut, L'individu
Comme le remarque
Engels dans Dialectique de la nature 1870, "Avec
l'homme nous entrons dans l'histoire" ce qui signifie
qu'avec la conscience comme centre de décision apparaît la
possibilité de faire une histoire propre par des choix qui vont
constituer l'existence de chacun. Il ne peut y avoir de choix
libre sans un sujet qui les pose en se posant lui même: c'est
dire que la conscience en devenant conscience de soi accède à
l'existence en accédant du même coup à la conscience du temps
qui passe.
=> le sujet
se pose lui même comme origine, comme conscience de soi :
Ce
qui fait apparaître autrui et le monde au bout d'un regard, par
un acte de transcendance, une intentionnalité: toute
conscience est conscience de quelque chose, et ce qui
fait apparaître le soi par le sentiment de ce qui s'éprouve soi
même: on peut appeler cela présence à soi, accompagnant toute
acte de transcendance.
Le mode d'apparaître du monde et d'autrui n'est pas le même que
le mode d'apparaître du soi: dans le premier cas, une chose est
projetée à distance comme dans un trou de lumière, dans le
deuxième cas, le soi s'éprouve lui même, comme si le soi était
donné à lui même, et ne pouvait donc échapper à soi, alors
qu'on peut tourner le dos au monde.
Il
faut prendre garde au deuxième mode d'apparaître qui exclut
l'intentionnalité d'un regard et la distance que ce regard
instaurerait: ce qui s'éprouve soi-même se possède au point d'émerger
comme un absolu, ce qui a sa raison d'être en soi. C'est
ce qui permet d'affirmer je pense, je suis, j'existe,
sans aucun doute, puisqu'il n'y a pas une distance à franchir, un
écart creusé entre un sujet
et un objet. C'est donc dans la non distance que le soi
est conscience de soi et qu'il s'éprouve comme conscience de soi:
ce que je pense, ce que je connais, ce que je vois ...,
s'accompagne d'un sentiment: je connais que je connais, je
sais que je sais, je sens que je sens, sans qu'il y ait
besoin d'un regard intentionnel qu'il faudrait redoubler à
l'infini. La seule façon d'exister pour une conscience c'est
d'avoir conscience qu'elle existe affirme Sartre dans L'imagination,
(page 126). Mais ce mode d'apparaître de la conscience c'est le
soi qui exclut toute distance et donc tout regard intentionnel:
c'est son mode d'exister que d'être pour elle même, toujours
donnée à soi, la passion de l'existence, la présence à soi.
Il prouve
son autonomie
(obéir à la loi qu'on s'est prescrite) par la seule preuve
possible, son existence capable de se reprendre.
Bonne continuation.
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